La réinvention du restaurant de la Tour Eiffel [Conférence Maison&Objet 2019]

↑ Le Jules Verne d’aujourd’hui ↑

↓ Le Jules Verne d’hier ↓

Tour d’horizon de l’histoire des restaurants de la Tour Eiffel

Pour l’exposition universelle de 1889, quatre pavillons de bois réalisés par Stephen Sauvestre occupent la plateforme du premier étage de la tour Eiffel. Ces 4 établissements sont démolis pour l’Exposition Internationale de 1937 et seuls deux restaurants seront reconstruits dans le style des années 30 sous la présidence de l’architecte Auguste Granet.

Au début des années 1980, ces restaurants sont remplacés lors de travaux de grande ampleur : La Belle France et Le Parisien qui, en 1996, sont transformés en une vaste brasserie décorée par Slavik et Loup seront ensuite entièrement réaménagée, fin 2008 pour devenir le 58 TOUR EIFFEL.

C’est en 1983 qu’au deuxième étage de la Tour, un nouveau restaurant gastronomique baptisé le Jules Verne fait son apparition. Il fait peau neuve cette année après des travaux de rénovation menée par Aline Asmar d’Amman, architecte et fondatrice du studio Culture in Architecture, qui a imaginé un décor brut et précieux, en collaboration avec le nouveau chef du restaurant, le célèbre Frédéric Anton.

En conférence à Maison&Objet, Aline Asmar d’Amman nous explique son projet d’architecture intérieure, aussi passionnant que luxueux en démarrant ainsi : « la tour Eiffel est une tour qui rayonne, qui diffuse, mais aussi qui attire ».

Comment réfléchir la rénovation d’un restaurant de luxe ?

L’objectif est ici de tisser une histoire autour du culinaire et des arts déco, deux arts qui sont liés par le geste de la main. Le Jules Verne, situé au 2eme étage de la tour Eiffel se trouve être l’ambassadeur de l’art de vivre Français. L’architecte d’intérieur avait donc la responsabilité d’apporter de la Haute déco à ce lieu haut de gamme.

L’expérience client doit commencer dès l’arrivée au pied de la tour, alors il faut réfléchir à une cohérence globale tout en faisant attention au moindre détail. Les matériaux et les couleurs sélectionnés sont tous très réfléchis et renvoient, d’une manière ou d’une autre aux trois piliers de ce projet ; le livre (Jules Verne), la gastronomie (Restaurant) et l’art de vivre Français (Tour Eiffel).

La recherche de l’exceptionnel

Nous avons été impressionnées par cette quête du haut de gamme et de l’exception. Pour parfaire le restaurant, ils ont créé quelques objets exceptionnels comme des livres gravés en guise d’assiette de présentation, des tables avec de l’or ou des pierres semi-précieuses incrustées, ou encore un plafond peint au pinceau à aquarelle pendant des centaines d’heures.

Pour ce projet, ils se sont entourés de nombreuses entreprises françaises et ont noués des collaborations avec les métiers d’arts, des designers, des photographes et autres artisans de renom.

Pourquoi parle-t-on d’architecture d’intérieur et pas de décoration ?

La question a été soulevée pendant la conférence ; ici, l’objectif est de concevoir le lieu en jouant avec les volumes, la lumière, le mobilier et les matériaux. La frontière est fine entre ces deux métiers, un décorateur va d’ailleurs parfois effectuer des missions d’architecte d’intérieur, cela dépend du projet. Ici, pour ce restaurant on voit clairement que l’objectif n’est pas la décoration du lieu, mais bien sa création puisqu’ils sont partis d’un espace totalement vide.

Les contraintes techniques de la tour Eiffel

Ce projet de rêve contient tout de même quelques contraintes de taille à prendre en compte. En effet, on note trois contraintes : les plafonds du lieu sont très bas, le poids total autorisé sur la tour est contrôlé et l’accès au restaurant ne se fait que par un ou deux ascenseurs de taille limitée.

D’une part, il fallait contrôler, mesurer et peser tous les matériaux utilisés pour respecter les contraintes de poids et de passage dans les ascenseurs. Et d’autre part, il leur a fallu donner un sentiment de légèreté et de grandeur dans un espace bas de plafond. C’est grâce aux couleurs, aux formes et aux matériaux utilisés qu’ils ont réussi à remplir leur objectif.

Le mieux, pour se rendre compte de tout cela, est de regarder le replay de cette conférence. Vous y verrez de nombreuses photographies tout au long des explications passionnantes de Aline Asmar d’Amman. Bon visionnage 🙂