Mon projet : passer d’un garage à une maison (interview)
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Virginie, ingénieure de formation initiale, a toujours eu une appétence pour la créativité et l’invention. Lors du MOOC d’initiation au métier de Décorateur d’intérieur, elle a lancé un atelier collaboratif et travaillé avec un groupe de moockers pour rénover un garage et le transformer en espace bureau/atelier et salle de bain/buanderie. Au travers de cette interview, elle développe les méthodes acquises pour travailler en groupe en étant à la fois le porteur du projet et le client.
D’où venez-vous et qu’est-ce qui vous amène dans le monde de la déco ?
Lorsque je suis rentrée dans la vie active, pendant près de 10 ans, j’ai exercé mon métier, tout en menant une « vie parallèle » baignée de créativité : photographie, couture, bricolage, scrapbooking, home deco, webdesign, photographie, DIY en tous genres… Il est devenu évident que mon métier n’était qu’alimentaire et que j’étais plus préoccupée par cette vie parallèle que par celle qui me permettait de la financer. Allier plaisir et travail dans un domaine créatif est alors devenu une évidence. L’architecture intérieure était déjà ce que j’avais en tête, mais ma situation personnelle et professionnelle ne me permettait alors pas de prendre cette voie.
Ce virus qu’est l’architecture intérieure n’a fait que proliférer en moi : lorsque j’ai acheté ma toute première maison, c’était une maison fraîchement rénovée, que je me suis appliquée à décorer pendant 4 ans. Puis avec mon conjoint, nous avons attaqué des travaux un peu plus sérieux en changeant tous les sols et en refaisant les peintures. Mais cela ne suffisait plus : j’avais besoin de m’attaquer à des travaux plus radicaux, j’avais envie de remodeler une maison ancienne à notre image. Nous avons alors entrepris d’acheter une maison ancienne et de la repenser entièrement.
Voilà 2 ans que nous transformons cette maison. Nous faisons presque tout nous-mêmes. Repenser les espaces, imaginer la vie future dedans, les circulations, mettre en valeur les matériaux, l’âme de la maison, jouer avec les contraintes pour les transformer en atouts, modifier ses plans à l’apparition de nouvelles contraintes non prévues, gérer les délais, les artisans, les imprévus, penser les couleurs, les ambiances, la lumière… tout cela est devenu mon quotidien. Je n’envisage plus aujourd’hui de faire autre chose que cela.
Qu’est-ce qui vous a décidé à impliquer les moockers dans ce projet de rénovation ?
Notre garage étant totalement inhabitable et transformable à souhait, et étant depuis 2 ans « la tête dans le guidon », je me suis dit que proposer la transformation de cette pièce comme sujet d’atelier serait une bonne idée : ce serait l’occasion d’échanger avec d’autres personnes ayant des idées différentes et ainsi, non seulement mettre à l’épreuve mes idées, mais aussi m’enrichir de l’analyse et des idées d’autres passionnés ayant un œil neuf sur le projet.
Il s’agissait d’intégrer le garage de cette maison de caractère, en le transformant en un grand bureau pour mon conjoint et moi, avec une salle de bain. Le bureau a vocation à être utilisé dans un cadre personnel, mais aussi professionnel, puisque mon conjoint travaille en partie depuis la maison et que je me prépare également à travailler en tant qu’architecte d’intérieur depuis chez moi.
Quelle a été votre méthode pour fédérer et travailler avec un groupe que vous ne connaissiez pas, autour d’un projet qui vous concerne personnellement ?
Il fallait que le sujet soit intéressant pour les autres collaborateurs, donc j’ai essayé de lister au plus juste toutes les contraintes liées au lieu et à la situation attendue, ainsi que mes attentes en tant que cliente. J’ai également fourni beaucoup de photos de la maison existante, la partie déjà rénovée comme la partie à rénover.
Aussi, ayant le double rôle de client et de chef de projet, le plus dur a été de bien séparer les 2 rôles, pour que les idées de l’architecte d’intérieur en herbe ne viennent pas influencer ou limiter les idées de mes collaboratrices, tout en répondant tout de même en tant que cliente à leurs questions et en validant toujours en tant que cliente leurs propositions.
J’ai beaucoup sollicité mes collaboratrices par mail au début, en produisant des documents et en proposant un planning et des objectifs : quels sont les rendus qu’un client pourrait attendre, comment allons-nous organiser notre travail, quel temps cela va-t-il prendre, quels sont les domaines que nous maitrisons, quels sont ceux sur lesquels nous sommes moins à l’aise… J’ai essayé de fédérer au maximum en donnant du sens au projet. Nous avons travaillé sur le dossier google drive créé par l’équipe du MOOC, j’y ai créé des dossiers représentant les étapes que nous avions validées ensemble lorsque j’ai soumis le planning prévisionnel, et chacune pouvait y déposer les documents qu’elle produisait.
Ensuite, nous avons réussi à nous réunir via Skype 2 fois par semaine. Cela était l’occasion d’échanger sur nos difficultés, de présenter les documents que nous mettions sur le drive, d’argumenter sur nos idées, de partager des astuces, et je profitais de chaque rendez-vous Skype pour fixer des objectifs à produire pour le rendez-vous suivant. C’est également lors de ces séances que mes collaboratrices me questionnaient sur le projet et me soumettaient des idées à validation.
Qu’est-ce que votre atelier collaboratif vous a apporté ? Quelles prises de conscience ?
Ces séances Skype ont été essentielles pour amorcer la réflexion ensemble. Ces rendez-vous réguliers donnaient un vrai sens au projet, le rendait concret pour mes collaboratrices et m’obligeaient à organiser ma pensée et à entamer une réflexion sur ce qu’un client était en droit d’attendre, comme ce qu’un architecte d’intérieur ou un décorateur d’intérieur devait fournir. Sans ces séances en direct, nous n’aurions pas pu avancer de la sorte. Les échanges par mail sont un bon moyen de partager des documents dans des phases intermédiaires, mais rien ne remplace une discussion réelle, et la présentation en direct de ses idées ou de ses documents.
J’ai pris conscience que des réunions régulières représentaient des jalons essentiels pour partager ses idées et valider des points, que ce soit avec les collaborateurs du projet comme avec le client. Avancer sur des idées trop loin en oubliant ces jalons peut nous faire perdre beaucoup de temps dans notre travail : un besoin mal cerné, une envie nouvelle du client, une contrainte ignorée… tant de choses qui peuvent demander de recommencer un travail si toutes les parties ne sont pas régulièrement concertées.
Alors quelle est la prochaine étape ?
Il est prévu que le projet de l’atelier se réalise, à moyen terme. Certaines idées ont encore besoin d’être développées, mais ceci sera repris juste avant de commencer les travaux, car nous sommes en train d’avancer sur d’autres pièces, et avec une maison ancienne comme la nôtre, les projets doivent constamment être modifiés, car nous découvrons des surprises au fur et à mesure que nous avançons dans les travaux !
Quant à mon projet professionnel, il est certain qu’il va se réaliser à court terme. Pour le moment, je réalise des projets pour des proches, à titre gratuit, afin de m’exercer. J’espère pouvoir démissionner de mon poste actuel et suivre une formation pour améliorer ma productivité, apprendre des astuces de professionnels pour travailler efficacement, gérer ma boite, mon réseau, mes clients et gagner en assurance.
Voir le rendu de projet dans sa globalité (PDF) : Transformation du garage à une maison de caractère